- chennai
- puducherry
vers chennai / chennai
en savoir le moins possible d’un lieu avant d’y aller
donc ne rien projeter
imaginer le moins possible
être dans la plus grande disponibilité
je ne savais rien de la malaisie
je ne savais rien de l’indonésie
je ne sais rien de madras
ce que je sais de
ce que je sais de puducherry / pondicherry
dans nos maisons, on l’appelait pondichéry
dans nos maisons, on parlait de pondichéry
quand je voulais ouvrir le vieil album de photos de famille
pendant les vacances d’été
que ma grand-mère le sortait d’une armoire à l’étage
où il était à l’abri de la lumière et des saisons
et le descendait dans la grande salle
Pondichéry
c’était là que s’est installé l’arrière arrière arrière grand-père
le capitaine au long cours, Edouard Prieur
c’est là que sa femme l’a rejoint plus tard, Nancy Lafauche
c’est là qu’ils se sont mariés selon le registre de Pondichéry, accessible en ligne
(l’histoire transmise déjà se trouble)
ce qui est resté, ce sont quelques photos prises sur la plage de Pondichéry
une femme en noir et une de ses filles, en blanc, et les boys
sur une calèche, ou sur la plage
la plage qui aujourd’hui a disparu
la seule chose que je sais de cette femme
de Nancy Prieur
c’est qu’elle mangeait des bonbons toute la journée
c’est ainsi qu’elle est restée
sucrée, alourdie j’imagine de jour en jour sans exercice autre qu’être emmenée dans cette voiture
tirée par des indiens
engoncée — comme peut le montrer la prise de vue au loin
ce que je sais d’autre
de l’inde
c’est peu d’images
oubliées les images
ce que je sais c’est seulement le cinéma de Satyajit Ray, que j’ai vu en grande partie
à la fin des années 80, dans les cinémas de la rive gauche
je ne sais rien encore
la question de la compréhension
du comprendre
comprendre et transformation
comprendre transforme
se laisser traverser un peu ou totalement
et retenir quelque chose
d’avoir été traversé
le corps/l’instinct comprend tout
ouvre tout
la raison resserre
une question de survie
transformation et compréhension
puissance de se laisser traverser et d’être exactement soi
quand le monde traverse
et retrouver peu à peu sa forme
être dans une autre langue permet de perdre sa forme
pour se reformer autrement ensuite
c’est une expérience pure de la compréhension
une autre langue dissous l’accès au sens
le transforme en une hypothèse nouvelle
une autre mise en forme pour un sens qui ne se résoud plus
avec la même formule
initier ainsi de langue à langue un parcours de l’expérience du comprendre
quelles en sont les étapes
ce qui permet d’être quand rien n’est même
ce matin 26, au réveil
apprendre le tamil quand partout tout autour
tout est écrit ainsi
les murs ici couverts d’inscriptions politiques
devant les quelles passent des milliers de voitures
camions bus ambulances voitures de police
et de motos motocyclettes happées dans les deux sens
dans un flux qui ne s’arrête ni ne ralentit jamais
vers des ailleurs de travail d’étude d’harassement de dépense
et de repos
et devant l’hôtel, déjà…
mercredi 27 septembre, après 5 heures à faire le tour de la ville en voiture avec பிரபு— si on peut faire le tour de Chennai en 5h, ce qui évidemment n’est pas…
apprendre à lire, déjà, commencer par le lire, lettre à lettre, ne pas encore reconnaître chaque lettre, avoir très bien mémorisé les voyelles, ces lettres « de vie » quand les consonnes sont les « body letters », mais ne jamais lire les voyelles seules parce qu’elles sont « intégrées » dans les consonnes, d’une manière ou d’une autre, par exemple quand le dot le point n’est pas sur la lettre, c’est qu’elle est voyellisée
il y aura des jours à apprendre à lire, il suffit de laisser le regard aller, partout de quoi le retenir
pondicherry
eh bien en tamil donc il y a des conjugaisons aussi complexes qu’en français, en plus il y a des cas, en plus impossible (pour le moment) de trouver une grammaire du tamil, english to tamil. sur amazon, oui. reste à aller au 19, Cinna Subbaraya Pillai Street, au Pondicherry Institute of Linguistics and Culture, qui en a publié une en 1989. still available ?
comme à chaque étape
dès que dans le temps du lieu, dès que le mouvement est intérieur
tout ce que le mouvement d’ensemble oblitère vient au visible
to write is shadowing what is
alongside the ancient tribunal d’appel, bussy street
suffren street
bridge kassim salai, erased
en tamil
exercice de prononciation
les trois niveaux de l’univers un trait pour le ciel, un trait poue la terre, un trait pour l’eau
en urdu
en penjabi
still
pluie de mousson, la nuit
tamil lessons (avec adaptations phonétiques, d’une transcription à l’autre
#1 : pharmacy en tamil
confirmation
#2
#3
#4
#5
early morning, when no traffic, the sound of water in pondicherry pipes
street tamil quarrel
அங்கே, எதுவோ
puisque c’est aussi, ici, marcher là où ils ont marché
il y a des dizaines et des dizaines de décennies
maintenant, où sont-ils ?
et d’uppalam à la mer du bengale
carnatic music, societe progessiste govt. aided high school
12, kalatheeswaran Koil
in front of Mahatma gandhi statue, beach road, pondicherry
beach road, oct. 10th, close to Govrnmt of Pondicherry House
et un ancien manuscrit en sanskrit, sur feuille de palme, conservé dans les collections
de l’Institut
en sanskrit
en yahudi
en bengali
en bhujpuri
en telugu
en marathi
en odiya
en gujerati
en urdu
en tamil
…et
அவர்கள் பேசுகிறார்கள்
இடம் இருளாக மாறுகிறது
அவர்கள் ஒன்றாக நடக்கிறார்கள்
சில சமயம்
அவர்கள் நிழல் இல்லாமல் இருக்கிறார்கள்
கால்கள் இருக்கின்றன
நாக்குகள் இருக்கின்றன
தலைகள்
கண்மடல்கள்
கண்மடல்களில் மைப்பூச்சு
வாய்கள் இருக்கின்றன
உதட்டுச்சாயம்
சாம்பல் கைவிரல்கள்
தொடைகள் இருக்கின்றன
கைகள்
ஆமாம்
இது இரத்தம்
நரம்புகள்
இடுப்பெலும்புகள் இருக்கின்றன
நகங்கள்
தலைமுடி
சுருக்கம் நிறைந்த ஊதா தோல் இருக்கிறது
ஆமாம்
இங்கே முரசுகள்
இங்கே தோள்கள்
வயிறுகள்
அங்கே முதுகுகள்
அங்கே தொப்புள்கள்
ஆனால் ஒரு முகம், இல்லை
ஆனால் யாருமில்லை
மனிதனில்லை
பெண்ணில்லை
ஒரு குரல் உள்ளது
கூட மொழி வருவதில்லை
(
ils parlent
l’espace devient sombre
ils marchent ensemble
parfois
ils sont sans ombre
il y a des jambes
il y a des langues
des têtes
des paupières
sur les paupières, du fard
il y a des bouches
du rouge à lèvres
il y a des doigts gris
des cuisses
des mains
c’est du sang
des artères
il y a des muscles
des ongles
des cheveux
il y a des peaux violettes ridées
ici, des gencives
ici, des épaules
des ventres
là, des dos
là, des nombrils
mais pas un visage
mais personne
aucun homme
aucune femme
il y a une voix
et la langue ne vient pas
)
et
14 octobre, dernier jour
sur une route de campagne, entre Pondicherry et Chennai, l’Inde se trouble